La prospective, Késako ?

“Explorer les futurs possibles pour identifier les enjeux de demain et éclairer les décisions d’aujourd’hui”


Voici une des définitions possibles de la prospective. À l’heure où les transitions et les transformations sont plus nombreuses et plus rapides, les organisations, territoires et entreprises ont besoin d’appréhender les futurs possibles. Il n’y a pas de statistique du futur, en cela, la prospective n’a pas pour but de prédire l’avenir mais bien de conduire l’action adaptée pour réduire l’incertitude


Les leviers de l’innovation apparaissent aujourd’hui comme le premier produit des travaux prospectifs. L’objectif principal de la démarche est d’accompagner la transformation des activités au sein des organisations via l’identification des enjeux de demain.
La prospective n’est à l’heure actuelle pas encore reconnue comme une discipline à part entière. Toutefois, des instituts de renom existent et dispensent à la fois formations et prestations de conseil. Futuribles, centre de réflexion sur l’avenir, est une référence. J’ai eu la chance au début du mois de juillet de suivre l’une de leurs formations intitulée “Pratiques de la prospective stratégique”. Autour de la table, des profils de tous horizons, avec une forte représentation des ministères et territoires : ministère des armées, ministère des Outre-Mers, territoires du Grand Paris, La Croix-Rouge française… Autant d’acteurs avec des enjeux de mutations et de planification forts. Fidèle représentante de Dynergie, j’étais la seule à venir d’un cabinet de conseil. Qu’est-ce que ça nous apprend ? 

Mais alors une fois qu’on a dit ça, comment on procède ? 


La prospective m’est longtemps apparue comme un concept assez abstrait et intangible. Construire des scénarios, imaginer les futurs possibles… J’en saisissais les grands concepts mais ne possédais pas les outils adéquats. La formation de Futuribles se déroule sur deux journées complètes et est rythmée par des temps de cours magistraux et des temps d’ateliers. La mise en pratique des outils est essentielle pour se les approprier. On en repart avec une véritable boîte à outils représentant le continuum idéal et complet d’une démarche prospective. Toutefois, tous les cas d’étude n’ont pas besoin de faire l’objet d’une démarche prospective. Chaque outil peut être mobilisé individuellement. Cela permet d’adapter la démarche tant aux enjeux qu’aux moyens du client. 

Le système prospectif


À peine rentrée de ma formation qu’une première occasion de mettre en pratique ce que j’avais appris se présentait déjà. Dans le cadre d’une proposition commerciale en collaboration avec le Conseil, j’ai dû formaliser pour la première fois une démarche prospective avec outils associés pour le compte de SPI Group. Leur besoin : créer un nouveau business à partir d’un concept innovant et en rupture avec le business principal de l’entreprise. N’ayant pas d’idées de concept, SPI Group souhaite être accompagné pour en faire émerger. Dans ce cas de figure, la prospective exploratoire apparaît comme un levier pertinent pour identifier des pistes business autour de l’entité SPI Group ou d’une thématique plus large. 

Nous avons donc proposé une approche analytique de la prospective exploratoire. C’est-à-dire une approche reposant sur un nombre défini de variables, issues d’un système prospectif à co-construire avec le client.

Au centre de cette approche se trouve l’objet d’étude/le cœur de la réflexion. Il peut s’agir de l’organisation elle-même ou bien d’une thématique/un enjeu qu’elle souhaite explorer. Ensuite, on établit autour de cet objet le système prospectif. Il se construit collectivement afin de faire émerger un langage commun entre les parties prenantes. Un atelier dédié est organisé pour construire ce système (durée = 2h à 3h). Les variables émergent alors, et viennent se positionner dans trois cercles (cf. illustration). Un travail d’organisation et de recoupage des variables est effectué jusqu’à ce qu’il n’en reste plus que 15 à 25. Les variables correspondent aux éléments qu’il est essentiel de prendre en compte et d’étudier dans le cadre de la réflexion prospective générale et qui ont une influence plus ou moins directe sur l’objet d’étude. 

Exemple de variable : le réchauffement climatique est une variable commune à quasi tous les objets d’étude. Elle fait généralement partie du cercle “environnement global” puisque c’est un facteur ayant nécessairement une influence sur tous les types d’activité. Pour des activités/thématiques/acteurs directement liées aux questions de réchauffement climatique, elle fait en revanche partie du cercle “Contexte sectoriel” puisque c’est une variable nécessairement plus importante. Cette variable est évidemment étudiée de façon différente en fonction de l’objet d’étude. Elle est analysée à la lumière du sujet. Une fiche variable portant sur le réchauffement climatique ne sera donc pas la même d’un sujet à l’autre. 

Analyse des variables

Une fois le système prospectif validé et les variables mises en place, il faut procéder à l’étude des variables via une analyse rétrospective et prospective de chacune d’entre elles, à l’aide d’une grille d’impact

Cette grille met en exergue les tendances lourdes, les incertitudes majeures, ou encore les ruptures critiques possibles liées à une variable. Bien entendu, c’est ici le travail de recherche effectué par l’analyste qui prime. Pour chaque variable il faut remonter 10 à 15 ans en arrière pour en tirer ces indicateurs. Cette grille permet avant tout de les trier visuellement et de voir vers quoi tend la variable. 

Une fois cette grille d’impact réalisée pour chacune des variables, il faut rédiger des fiches variables. Ces fiches sont la synthèse de toutes les recherches effectuées sur la variable, mais surtout, du travail prospectif. Elles permettent de formaliser des hypothèses de développement et d’évolution.

Comment construire une fiche variable ? 


Définition et indicateurs : 


Rétrospective : 


Prospective : 

Cette approche mobilise 3 outils méthodologiques permettant de formaliser des hypothèses autour d’un objet d’étude sur un temps relativement court. Cependant, un travail de prospective complet s’inscrit sur du temps long, de 6 à 12 mois, pour donner naissance à de véritables scénarios prospectifs. Ce n’est donc que la partie émergée de l’iceberg ! 


La bonne nouvelle, c’est que ça donnera très probablement lieu à un nouvel article sur le sujet. On vous laisse déjà digérer celui-là. 

Si vous voulez en savoir plus, n’hésitez pas ! 

Clotilde FOLLEREAU